Nourrir la fierté au travail

Lors d’une visite à la NASA, le président Kennedy a interrogé un agent d’entretien sur ce qu’il faisait. « M. le Président, j’aide à envoyer un homme sur la Lune ! », a répondu celui-ci. Dans cette repartie se dévoile l’un des principaux ressorts de l’engagement au travail : la conviction intime que son action compte, qu’elle contribue à une finalité qui mérite de se mobiliser. Ce sentiment – qui constitue une forme de fierté – joue un rôle déterminant dans l’estime de soi, la motivation et la persévérance face aux difficultés. Les recherches en psychologie montrent qu’il se répercute sur l’implication, la satisfaction au travail et la performance.

Or les signaux d’alerte se multiplient. Plusieurs études indiquent qu’environ un collaborateur sur trois se sent invisible dans son organisation. Ceux-ci sont également nombreux à évoquer une perte de sens ou l’impression que leurs efforts sont peu considérés. Dans un contexte où les entreprises affrontent à la fois le désengagement d’une partie de leurs équipes, des interrogations sur la plus-value des collaborateurs à l’ère de l’intelligence artificielle et un accroissement des enjeux de santé mentale, cette fragilisation du sentiment de tenir un rôle qui compte n’a rien d’anecdotique : il s’agit bien d’un risque stratégique.

À première vue, ce défi semble dépasser le périmètre du management : le sens n’est-il pas d’abord une affaire personnelle ? Et les conditions de motivation, un enjeu des politiques RH ? Pourtant, la recherche en psychologie sociale montre sans ambiguïté que la valeur accordée à son rôle se façonne dans les interactions du quotidien : saluts échangés, écoute attentive, appréciation formulée avec justesse, preuve d’utilité apportée au bon moment… Autant de gestes qui, bout à bout, cimentent le sentiment d’utilité et de fierté.

Les managers occupent ainsi une position cruciale : leurs comportements, même les plus anodins, renforcent ou affaiblissent directement ce sentiment. Une remarque bien calibrée peut démultiplier la motivation ; un mot maladroit peut entamer durablement la fierté professionnelle. D’où l’intérêt de comprendre ces ressorts psychologiques pour guider son action.

Cette synthèse propose des leviers concrets pour nourrir chez chacun au quotidien le sentiment de compter dans l’organisation.

Dans cette synthèse :
– Prévenir les maladresses qui érodent la fierté au travail
– Faire sentir à chaque collaborateur qu’il compte vraiment
– Trois leviers pour nourrir la fierté au travail