L’art subtil du feedback

Le Forward College, fondé en 2021 en partenariat avec la London School of Economics et le King’s College de Londres, se veut un nouveau modèle de grande école européenne. Sa mission : former les leaders de demain en conjuguant sciences humaines et sociales, numérique et compétences relationnelles de haut niveau. Et qu’apprennent les étudiants dès leur première semaine ? L’art de donner et de recevoir du feedback – la compétence la plus importante de toutes, car elle est « la clé du progrès » pour son président, Boris Walbaum.

Ce parti pris pédagogique illustre une tendance de fond : dans un nombre croissant d’organisations, le feedback occupe désormais une place centrale. Longtemps cantonné à l’entretien annuel d’évaluation, il est devenu un levier quotidien de performance, de motivation et de synchronisation.

Mais si la pratique tend à se répandre, ses effets, eux, restent très inégaux. Certains feedbacks entraînent un réel changement de pratique ou de comportement, d’autres sont sans effet sur leur destinataire, voire les blessent inutilement et créent des antagonismes. Les approches varient : chez Netflix ou Bridgewater, le feedback est permanent, formalisé et intégré à la culture ; dans d’autres organisations, sa pratique reste marginale, souvent laissée à l’intuition. Entre transparence radicale et prudence dans l’expression, les managers tâtonnent. Et même les plus aguerris le reconnaissent : formuler un bon feedback reste un exercice délicat, dont l’effet est difficile à anticiper.

C’est que le feedback active des ressorts cognitifs et émotionnels plus subtils qu’il n’y paraît. Il peut éclairer, renforcer, dynamiser – ou au contraire heurter, bloquer, pousser au désengagement. D’où l’intérêt de revenir à ce que nous apprennent la pédagogie, les sciences cognitives et les neurosciences, non pour y chercher une formule gagnante à tous les coups – qui n’existe sans doute pas –, mais pour permettre à chacun de se doter de repères et de se sentir plus à l’aise dans sa pratique.

Cette synthèse ne livre donc ni méthode miracle, ni mode d’emploi universel. Mais elle vise à aider les managers à affiner leurs pratiques et à diffuser dans leurs équipes une approche du feedback plus efficace, fondée sur trois leviers éprouvés : désamorcer les réflexes d’autoprotection, activer l’engagement et renforcer les apprentissages.

Dans cette synthèse :
– Feedback : quatre réactions déstabilisantes auxquelles se préparer
– L’art du feedback éclairé par la science
– Soutenir les plus performants grâce au feedback