Pépites de managementRetrouvez ici quelques pépites issues de notre veille des meilleures publications sur le leadership et le management
Performance

Les non-dits, déclencheurs de burn-out
La santé mentale des salariés semble être au plus bas. Dans son dossier consacré au sujet, France Culture a interrogé Thomas Périlleux, sociologue belge et lauréat du prix Penser le travail 2024 pour son ouvrage Le Travail à vif.
L’une de ses observations est particulièrement intéressante : souvent, dit-il, ce qui fait « disjoncter » un salarié qui supportait depuis des mois une situation difficile, c’est une injonction contradictoire. Le problème n’est pas qu’il y ait des contradictions en entreprise ; elles sont inhérentes à son fonctionnement. Le problème est que nous sommes fortement incités à les passer sous silence.
On demande ainsi aux salariés de « faire plus vite et mieux en même temps », de « s’impliquer plus dans leur travail tout en se montrant plus détachés », etc. Un exemple parlant : ce technicien à qui l’on interdisait d’évoquer les difficultés techniques qu’il pouvait rencontrer s’il n’apportait pas une solution. Ce silence imposé provoque des souffrances psychiques, au même titre que lorsqu’on utilise des mots détournés, ou des anglicismes mal compris, pour atténuer une réalité difficile.
Dire les choses et en discuter : un premier pas pour lutter contre ces souffrances ?
Source : Santé mentale : que révèle l'épidémie de burn-out ?, interview de Thomas Périlleux par Marguerite Catton, France Culture, La Question du jour, 10 octobre 2024.
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Quels sont les effets du désordre sur votre cerveau ?
« Range ton bureau pour mieux travailler », disaient peut-être vos parents quand vous étiez plus jeune… Ce conseil de bon sens est aujourd’hui confirmé par les neurosciences.
Des chercheurs de l’université de Yale ont récemment montré que le désordre visuel affecte peu notre capacité à percevoir l’information, mais beaucoup notre capacité à la traiter efficacement. Chez des singes macaques, dont les capacités visuelles sont proches de celles des humains, dans de telles conditions, l’information est transmise à peu près normalement au cortex visuel primaire, mais la façon dont elle est relayée au cortex visuel secondaire est affectée.
Peut-on compenser cet impact négatif par la force de notre attention ? En partie oui, indiquent les chercheurs. C’est l’exemple du conducteur qui surveille une voiture qui pourrait le dépasser, tout en centrant sa vision sur la route en face de lui. Mais la dépense d’énergie est élevée.
Ces recherches auront certainement des applications en ergonomie. À court terme, elles ouvrent aussi des pistes pour améliorer sa concentration.
Source : ‘Visual clutter’ alters information flow in the brain, Mallory Locklear, Yale News, octobre 2024.
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Faut-il renoncer aux évaluations de performance quantifiées ?
De nombreuses entreprises renoncent aux évaluations de performance quantifiées : c’est le cas d’Adobe ou de Morgan Stanley, par exemple. Une étude publiée dans la revue Academy of Management Discoveries montre que les évaluations « narratives » sont perçues comme plus justes et plus motivantes.
En effet, une approche qualitative permet de contextualiser ses appréciations, de s’appuyer sur des faits concrets, de retracer la façon dont les résultats ont été obtenus. Les salariés ont le sentiment de pouvoir mieux échanger. Cette approche favorise visiblement leur engagement et l’amélioration de leur performance.
Pour autant, il ne s’agit pas de renoncer totalement à une évaluation quantitative. Les auteurs de l’étude montrent que la perception d’équité des évaluations narratives s’atténue fortement dans le cas de performances très élevées ou très faibles. Choisir un format hybride, combinant qualitatif et quantitatif, semble donc souvent plus souhaitable.
Enfin, plus encore que le format de l’évaluation, c’est le processus qui fait la différence : les évaluations perçues comme les plus équitables sont celles définies par consensus, dans le cadre d’un process transparent et faisant explicitement le lien avec la stratégie de l’entreprise.
Source : The Power of Words: Employee Responses to Numerical vs. Narrative Performance Feedback, Academy of Management Discoveries, juillet 2024.
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Pensez-vous à organiser des sessions de « grand ménage » ?
Dans une vie professionnelle, les sources de désagréments ne manquent pas. Ce que nous ne réalisons pas toujours, c’est qu’une immense partie d’entre elles provient de notre propension à ajouter plutôt qu’à soustraire. À titre illustratif, quand un président d’université a demandé aux étudiants, professeurs et membres du personnel administratif des idées d’amélioration, seules 11 % des propositions impliquaient de retirer un élément ou de cesser une activité. Un chiffre frappant, mais assez universel.
Comment lutter contre ce réflexe ? Exhorter chacun à se discipliner se révèle épuisant et peu efficace. Les auteurs de cet article recommandent plutôt d’organiser des sessions de suppression des irritants inutiles. Un critère : se dire « bon débarras » ! C’est l’approche qu’a suivie la directrice qualité de Hawaii Pacific Health, un réseau de soins de santé. Elle a demandé à tout le personnel médical de pointer ce qui était « mal conçu, non nécessaire ou simplement stupide ». 188 suppressions ont été préconisées et 87 mises en œuvre, permettant à chacun un net gain de temps et de motivation.
À vos poubelles !…
Source : Rid Your Organization of Obstacles That Infuriate Everyone, Robert I. Sutton, Huggy Rao, Harvard Business Review, janvier-février 2024.
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Comment définissez-vous le succès ?
Certains discours de remise des diplômes marquent durablement les étudiants à qui ils sont destinés, mais aussi tous ceux qui les écoutent par la suite. C’est le cas de celui qu’a donné Roger Federer à l’université de Dartmouth cette année.
Bien sûr, Federer a parlé de travail, d’effort, de persévérance, de gestion du stress. Bien sûr, il a insisté sur l’importance de son entourage, de la confiance en soi et de la confiance des autres. Mais un éclairage particulièrement frappant – et certainement utile dans le monde de l’entreprise – est le regard qu’il porte sur ses succès et ses échecs.
Parmi tous les points qu’il a joués, quelle est la proportion de ceux qu’il a remportés ? Si surprenant que ce soit, cette proportion s’élève à seulement 54 % – soit à peine plus de la moitié ! Mais cela lui a permis de gagner 80 % de ses matchs, et d’être numéro 1 mondial pendant près de 6 ans.
Une invitation à ne pas se focaliser sur ses erreurs : l’important est de savoir les mettre derrière soi (en se réservant le soin d’en tirer les leçons plus tard, au moment opportun) et, surtout, de jouer le prochain point sans présumer que l’on va échouer à nouveau.
Source : 2024 Commencement Address by Roger Federer, Dartmouth, juin 2024.
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